Fort Boyard, les aventures d’une star
Fort Boyard, les aventures d’une star

Plan de l'expo
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L'histoire et l'image
Le Fort Boyard bénéficie aujourd’hui d’une notoriété internationale. Vaisseau de pierre à la forme immédiatement reconnaissable, c’est l’un des monuments les plus célèbres du littoral, porté par les 25 ans de succès d’un jeu télévisé populaire dans plus de 30 pays. Cette gloire télévisuelle consacre de manière inattendue un édifice militaire dont l’histoire est elle-même peu banale. Démarrés sous Bonaparte, en 1803, les travaux ne s’achèvent qu’en 1866, sous Napoléon III, au terme d’un véritable exploit technique et financier. Les progrès réalisés en matière d’artillerie le rendent alors sans objet, et Boyard est affecté à des tâches militaires secondaires. Déclassé en 1913, il est promis à une lente dégradation. A la fin du 20e siècle, son salut vient du cinéma d’abord, de la télévision ensuite.
Par le défi qu’a représenté sa construction sur un banc de sable, par son allure puissante et majestueuse, Boyard est, dès l’origine, une affaire de communication autant qu’un élément proprement militaire. Fortification et tourisme, patrimoine et petit écran, histoire et image sont intimement liés dans la chronique de Boyard, et ce n’est pas la moindre de ses singularités.
Par le défi qu’a représenté sa construction sur un banc de sable, par son allure puissante et majestueuse, Boyard est, dès l’origine, une affaire de communication autant qu’un élément proprement militaire. Fortification et tourisme, patrimoine et petit écran, histoire et image sont intimement liés dans la chronique de Boyard, et ce n’est pas la moindre de ses singularités.
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Un monument des Pertuis charentais
Pour le visiteur, comme pour les habitants, Boyard est un édifice incontournable. Point de repère pour les pêcheurs ou les plaisanciers, il attire les regards et ses admirateurs se succèdent toute l’année sur les meilleurs points de vue, à Fouras, Aix ou Oléron. Massif, dégageant délibérément une impression de puissance, il a paradoxalement perdu l’essentiel de sa nature de fort militaire au profit d’une image familière de salle de jeu, mais pour tous, Boyard est un monument ancré dans son territoire, surgissant au milieu du pertuis.
Imposer dans les esprits cette localisation, ramener en quelque sorte Boyard dans son espace est un enjeu majeur aujourd’hui pour tous les acteurs touristiques du département. C’est aussi une nécessité au regard de l’histoire : Boyard ne se comprend pas sans l’arsenal maritime de Rochefort, dont il est une des composantes.
Imposer dans les esprits cette localisation, ramener en quelque sorte Boyard dans son espace est un enjeu majeur aujourd’hui pour tous les acteurs touristiques du département. C’est aussi une nécessité au regard de l’histoire : Boyard ne se comprend pas sans l’arsenal maritime de Rochefort, dont il est une des composantes.
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Le fort en chiffres
Situation : 1° 12’ 50’’ longitude Ouest, 45° 59’ 59’’ latitude Nord
Distance de l’île d’Aix : 2 930 m.
Distance de l’île d’Oléron : 2 270 m.
Longueur : 68 m.
Largeur : 31 m.
Hauteur au-dessus des plus basses mers : 20 m. (29m. pour la vigie)
Surface utile : 4 000 m2 (un demi terrain de football)
Volume de pierres total (enrochement compris) : 160 000 m3 (64 fois le volume d’une piscine olympique ou 1300 autobus)
Dimension des blocs du brise-lame : en moyenne 4,00 x 2,50 x 2,50 m.
Dimension des blocs de défense : en moyenne, 3,80 x 2,00 x 2,00 m
Nombre de blocs de défense mis en place : 345
Nombre de pièces d’artillerie prévues initialement : 74
Nombre de pièces d’artillerie mises en place : 30
Nombre d’hommes prévus : 260 en temps de guerre
Coût total de la construction (1803-1866) : 8,6 millions de francs
Coût de l’entretien (1867-1913) : 500 000 Frs
(9 fois l’Arc de triomphe à Paris ; 22 fois le Fort Enet (1809-1812), entre Fouras et l’île d’Aix )
Distance de l’île d’Aix : 2 930 m.
Distance de l’île d’Oléron : 2 270 m.
Longueur : 68 m.
Largeur : 31 m.
Hauteur au-dessus des plus basses mers : 20 m. (29m. pour la vigie)
Surface utile : 4 000 m2 (un demi terrain de football)
Volume de pierres total (enrochement compris) : 160 000 m3 (64 fois le volume d’une piscine olympique ou 1300 autobus)
Dimension des blocs du brise-lame : en moyenne 4,00 x 2,50 x 2,50 m.
Dimension des blocs de défense : en moyenne, 3,80 x 2,00 x 2,00 m
Nombre de blocs de défense mis en place : 345
Nombre de pièces d’artillerie prévues initialement : 74
Nombre de pièces d’artillerie mises en place : 30
Nombre d’hommes prévus : 260 en temps de guerre
Coût total de la construction (1803-1866) : 8,6 millions de francs
Coût de l’entretien (1867-1913) : 500 000 Frs
(9 fois l’Arc de triomphe à Paris ; 22 fois le Fort Enet (1809-1812), entre Fouras et l’île d’Aix )
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Rochefort, arsenal du Roi
Au cours du 17e siècle, une marine de guerre permanente se met en place en France : il s’agit pour l’essentiel de protéger le commerce atlantique et d’affirmer la grandeur du Roi sur mer. Dans ce grand mouvement, un grand arsenal doit être fondé sur l’Atlantique. Après une longue enquête, le site de Rochefort est choisi, en 1666, pour sa position médiane entre Nantes et Bordeaux, pour la protection naturelle offerte par l'estuaire de la Charente et pour l'importance de la voie commerciale que constitue ce fleuve. Les fonctions majeures d’un arsenal sont nombreuses : transporter, stocker et transformer des tonnes de matériaux acheminés de toute la France et même d’autres pays d’Europe ; construire, réparer, armer et entretenir les navires; former, soigner et loger marins, ouvriers et soldats ; administrer, gérer et représenter le pouvoir central ; organiser le travail de dizaines de corps de métier et de milliers d’hommes. L’arsenal est un lieu de travail et de vie. Il est essentiel de protéger l’arsenal contre un ennemi venu de la mer : c’est là que s’inscrit l’histoire du fort Boyard.
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Une affaire de sable

Du miroir de la navigation de la mer occidentale : contenant toutes les côtes de France, Espaigne, & la principale partie d'Angleterre, carte du Poitou, Lucas Janszoon Waghenaer et Richard Slotboom Daventriois, Anvers, Jean Bellere, 1590 - détail. Gravure sur bois.
Service Historique de la Défense, Vincennes.
En 1583 Lucas Janszoon Waghenaer, pilote hollandais d’Enkhuizen publie le Spiegel der Zee-Vaert, le Miroir de la navigation. C’est un atlas du navigateur, constitué de 50 cartes d’un format suffisamment grand pour les rendre utiles. Les chenaux d’accès y sont représentés avec précision. L’ouvrage connaît un énorme succès dans toute l’Europe.
C’est dans le Miroir de la navigation que le banc de sable situé entre les îles d’Aix et Oléron est cartographié pour la première fois. Waghenaer le mentionne tout naturellement dans sa langue natale : ban iaert. Déformé au fil du temps, c’est l’origine du mot Boyard.
C’est dans le Miroir de la navigation que le banc de sable situé entre les îles d’Aix et Oléron est cartographié pour la première fois. Waghenaer le mentionne tout naturellement dans sa langue natale : ban iaert. Déformé au fil du temps, c’est l’origine du mot Boyard.
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"La lune avec les dents"
La maîtrise de l’espace entre Aix et Oléron préoccupe constamment les responsables de l’arsenal. Le banc de Boyard semble idéalement placé pour y bâtir un fort, mais le coût et la complexité des travaux font reculer le Roi. On prête à Vauban, le célèbre ingénieur des fortifications de Louis XIV, ce joli mot qui résume tout : Il est aussi impossible de construire un fort sur le banc de Boyard, que de prendre la lune avec les dents.
Pendant plus d’un siècle, le projet fait régulièrement l’objet de projets, sans jamais aboutir. En 1692, le Capitaine de vaisseau Descombes propose d’installer des chaloupes canonnières à demeure dans la passe. En 1763, 6 ans après le sac de l’île d’Aix par les Anglais, l’ingénieur Filley pousse assez loin un projet de fort rectangulaire sur le banc de sable de Boyard, et des sondages sont réalisés. Mais l’affaire en reste là.
Pendant plus d’un siècle, le projet fait régulièrement l’objet de projets, sans jamais aboutir. En 1692, le Capitaine de vaisseau Descombes propose d’installer des chaloupes canonnières à demeure dans la passe. En 1763, 6 ans après le sac de l’île d’Aix par les Anglais, l’ingénieur Filley pousse assez loin un projet de fort rectangulaire sur le banc de sable de Boyard, et des sondages sont réalisés. Mais l’affaire en reste là.
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Napoléon et Boyard 1803 - 1809
En 1803, une commission chargée par le premier Consul Bonaparte de se pencher sur la protection de la rade de l’île d’Aix, propose d’édifier sur le sable, au milieu de la passe, un fort massif à deux niveaux, en forme d’anneau, de 80 mètres de long sur 40 mètres de large. Des sondages font apparaître que le sommet du banc de sable n’est pas au milieu de la passe : le fort sera donc édifié sur une partie situé à 4,50 mètres sous l’eau à marée basse. La commission propose de déverser des tonnes de pierres pour créer un enrochement artificiel découvrant à marée basse. Sur ce plateau de 100 mètres sur 50 doivent être assemblées trois assises en pierre de taille servant de base au fort.
Un formidable chantier s’engage alors. Sur l’île d’Oléron, une ville-base, logiquement baptisée Boyardville, est créée de toute pièce. Matériaux et ouvriers affluent, des carrières sont ouvertes, des marchés sont passés. Pendant 5 ans, à chaque marée basse, des bateaux de travail, les gabarres, déversent des milliers de mètres cubes de roches sur le banc de sable. Le chantier se heurte à un financement irrégulier, au manque de main-d’œuvre, aux attaques anglaises, à l’instabilité du banc de sable et plus encore à la houle et aux tempêtes qui détruisent et fragilisent le travail réalisé.
Un formidable chantier s’engage alors. Sur l’île d’Oléron, une ville-base, logiquement baptisée Boyardville, est créée de toute pièce. Matériaux et ouvriers affluent, des carrières sont ouvertes, des marchés sont passés. Pendant 5 ans, à chaque marée basse, des bateaux de travail, les gabarres, déversent des milliers de mètres cubes de roches sur le banc de sable. Le chantier se heurte à un financement irrégulier, au manque de main-d’œuvre, aux attaques anglaises, à l’instabilité du banc de sable et plus encore à la houle et aux tempêtes qui détruisent et fragilisent le travail réalisé.
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28 ans d'abandon 1809 - 1837
En juin 1809, les travaux de Boyard sont suspendus. Deux mois plus tôt, l’affaire des brûlots, qui voit une escadre française dispersée dans la panique par des navires incendiaires britanniques en pleine rade d’Aix, aurait pu affirmer plus que jamais la nécessité du fort Boyard. En fait, c’est l’importance même de l’arsenal de Rochefort qui est mise en cause, sa réputation de site imprenable se voyant sérieusement battue en brèche. A quoi bon tant investir pour un tel site, d’autant plus que l’empereur, quatre ans après Trafalgar, se détourne de sa Marine ? 5 ans d’efforts, 75 000 m3 de pierres déversées et 3,5 millions de francs semblent engloutis en pure perte dans les sables de Boyard.
L’enrochement, qui affleure à marrée basse, est abandonné à la houle et aux courants. Cet abandon dure près de 30 ans.
L’enrochement, qui affleure à marrée basse, est abandonné à la houle et aux courants. Cet abandon dure près de 30 ans.
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L'aventure continue 1837 - 1859
Après 28 ans d’abandon, Louis-Philippe s’intéresse de nouveau à Boyard. Il faut sans doute y voir un regain d’intérêt pour l’arsenal de Rochefort, qui a montré sa capacité à maîtriser la toute nouvelle propulsion à vapeur et où, d’une manière générale, l’innovation est une tradition, à une époque de mutations technologique particulièrement effrénée. Bref, Rochefort, sans grande ambition en tant qu’usine à bateaux de guerre, redevient intéressant aux yeux de l’Etat.
Des sondages révèlent que l’enrochement de 1809 s’est enfoncé de près d’un mètre, mais qu’il est stable. Une organisation rationnelle des travaux est mise en place et entre 1842 et 1848, le socle est achevé : il s’agit d’une plate-forme en pierre, bâtie sur une structure alvéolaire remplie de béton, elle-même posée sur l’enrochement stabilisé sur le sable. L’ensemble est entouré de trois séries d’énormes blocs de défense en pierre de plus de 15 m3. 10 ans de travaux sont ensuite nécessaires pour édifier le fort proprement dit, achevé en 1859.
Des sondages révèlent que l’enrochement de 1809 s’est enfoncé de près d’un mètre, mais qu’il est stable. Une organisation rationnelle des travaux est mise en place et entre 1842 et 1848, le socle est achevé : il s’agit d’une plate-forme en pierre, bâtie sur une structure alvéolaire remplie de béton, elle-même posée sur l’enrochement stabilisé sur le sable. L’ensemble est entouré de trois séries d’énormes blocs de défense en pierre de plus de 15 m3. 10 ans de travaux sont ensuite nécessaires pour édifier le fort proprement dit, achevé en 1859.
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Finir le fort 1859 - 1866
A peine terminé, Boyard se heurte à deux problèmes majeurs : la violence des vagues, qui se déversent régulièrement dans la cour et les difficultés d’accostage par un simple petit escalier sur le flanc ouest du fort. Des travaux complémentaires sont engagés pour mettre en place un brise-lame en éperon vers le large et havre d’abordage vers le sud. Près de 7 ans de travaux sont nécessaires pour mener à bien cette nouvelle entreprise.
Le fort Boyard est officiellement achevé le 6 février 1866. C’est la fin d’un chantier démarré en 1803. Boyard devient une sorte d‘amer, dont les 68 mètres de long, 31 de large et 29 de haut attirent les regards de tous les usagers du littoral.
Le fort Boyard est officiellement achevé le 6 février 1866. C’est la fin d’un chantier démarré en 1803. Boyard devient une sorte d‘amer, dont les 68 mètres de long, 31 de large et 29 de haut attirent les regards de tous les usagers du littoral.
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Des canons et des Hommes
Sur le fort, comme sur un navire de guerre, l’espace est ce qui manque le plus. C’est d’abord pour sa puissance de feu que Boyard est construit, et les canons sont ici prioritaires sur les hommes, quoi doivent s’accommoder de ces encombrants voisins. Les casemates des hommes de troupe relèvent d’une utilisation maximale de l’espace, avec un ingénieux système de support mobile des hamacs. Les officiers bénéficient de plus de place et d’un ameublement relativement élégant, avec un lit, des chaises et un bureau. La fonction militaire n’exclut pas un certain raffinement de détails, comme dans le décor des boiseries, et jusqu’aux cadres accrochés au mur. Il n’empêche : l’artillerie s’impose partout et dicte l’aménagement des lieux.
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Style et architecture
Conçu de manière rationnelle pour remplir des fonctions militaires et organiser un service, Boyard affiche en même temps un parti-pris architectural fait de massivité, d’affirmation de force. Son style est un contraste réussi entre une image de solidité imprenable, de muraille inébranlable et de courbe, de rondeur. A l’extérieur comme à l’intérieur, Boyard frappe par l’absence d’angles. Résultat de partis-pris théoriques de fortification, cette ligne à la fois puissante et douce donne au fort un style bien particulier, que renforce la belle couleur du calcaire local et l’extrême qualité de la taille des pierres. Cette singularité de style est une donnée central du destin d’un fort qui doit tant à l’image.
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Une affaire d'image
En 1867, le fort Boyard figure en bonne place dans les réalisations marquantes du génie militaire français. Le ministre de la Marine, Chasseloup-Laubat, par ailleurs député de Marennes, a fait réaliser une grande maquette en pierre du fort qu’on vient d’achever. C’est bien sûr la prouesse technique que le ministre entend saluer, d’autant plus qu’elle valorise sa circonscription. C’est aussi la dimension politique d’un fort, démarré par Bonaparte et achevé par Napoléon III, qu’il s’agit de célébrer. Cette dimension dynastique a sans doute compté dans le choix de la reprise des travaux en 1837, Louis-Philippe étant soucieux de réconciliation nationale (le retour des cendres de Napoléon a lieu en 1840). L’image, déjà, et bien avant la télévision, marque le destin de Boyard, comme une sorte de symbole de la continuité et de la solidité de l’Empire.
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60 ans de perdu
En 1844, au polygone de Gâvre, près de Lorient, la Marine organise des expériences d’artillerie rayée. Des sillons à l’intérieur des tubes des canons assurent une excellente stabilité au projectile en rotation, qui cesse d’être rond pour devenir un obus en ogive. Le tir acquiert une précision inégalée. Essais et controverses aboutissent à une première fabrication, lors de la Guerre de Crimée en 1855. Bien des expérimentations sont encore nécessaires, mais la direction est prise, et l’artillerie rayée entre progressivement dans l’équipement de l’armée française. Pour Boyard, le fait majeure est celui de l’accroissement de la portée, qui passe de 1200 à 3500 m. Des tirs croisés depuis les batteries des îles d’Aix et d’Oléron suffissent désormais à verrouiller la passe pour laquelle le fort a été construit. A son achèvement, en 1866, il est nécessaire de lui trouver une nouvelle affectation. Boyard n’est du reste armé que d’une trentaine de canons assez anciens, au lieu des 74 prévus. La légende du fort inutile vient de naître.
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18 mois de prison
Le 28 mai 1871, après deux mois d’insurrection, la Commune de Paris est écrasée dans le sang. Dans les mois qui suivent, des conseils de guerre prononcent plus de 10 000 condamnations dont 4 500 à la déportation, essentiellement en Nouvelle-Calédonie. En attendant leur départ, les condamnés sont emprisonnés, à Brest, Lorient, Cherbourg et Rochefort. Le fort Boyard, flambant neuf, perdu au milieu de la mer, semble idéal pour assurer la fonction de prison temporaire. Les premiers détenus arrivent le 3 juin 1871. Au total, près de 850 condamnés passent par Boyard, certains pour quelques jours, d’autres plusieurs mois. Ils sont jusqu’à 300 prisonniers à la fois dans un fort conçu pour accueillir 260 hommes. Fin 1872, il n’y a plus de prisonnier au fort. L’épisode n’a duré que 18 mois en tout, mais il a beaucoup marqué les esprits par sa violence et cette mémoire, longtemps entretenue par des cartes postales, est encore vive aujourd’hui.
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40 ans de défense passive
Dès 1872, et pour 40 ans, Boyard est utilisé pour la défense passive de l’arsenal. Des torpilles de fond sont immergées dans le pertuis et reliées au fort d’où on peut déclencher leur explosion. En 1873, le marégraphe du fort Enet est transféré à Boyard. Au total, une dizaine d’hommes seulement occupent un édifice qu’il faut perpétuellement entretenir. Des dizaines de maçons, peintres et charpentiers, passent régulièrement plusieurs semaines sur le fort. Boyard est naturellement surdimensionné pour cette modeste fonction : elle n’en demeure pas moins sa principale affectation militaire.
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Seul face à la mer
En 1913, l’Etat décide de déclasser le fort Boyard. La technologie des torpilles de fond est abandonnée, le fort n’a plus de fonction. Son coût d’entretien est exorbitant : depuis 1866, un demi-million de franc or a été dépensé pour replacer les blocs de défense ou refixer les murs. Boyard reste propriété de l’État, mais il n’a plus de fonction militaire. Pendant la Première guerre mondiale, on envisage d’y interner des officiers allemands, et quelques soldats y sont cantonnés. Mais dès 1918, il est laissé à l’abandon, sans aucun gardiennage. Canons, ferrures, boiseries : tout est livré au pillage. En 1925, des ferrailleurs font sauter des pièces d’artillerie à l’explosif pour en récupérer les matériaux, ce qui donne une idée des conditions du pillage. Surtout, l’absence totale d’entretien entraine la dégradation rapide du brise-lame et du port d’abordage qui disparaissent peu à peu. Ils ne sont plus visibles aujourd’hui. En 1942, les allemands choisissent Boyard pour un tir d’entraînement : les impacts sont encore présents. C’est le dernier usage militaire (si l’on peut dire) d’un fort qui reste à l’abandon jusqu’au début des années 1960.
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Un monument romantique
Un peu paradoxalement, au moment où Boyard vit les heures les plus sombres de son destin, il acquiert une certaine notoriété. Rien que de très local, encore que les très nombreuses cartes postales qui sont éditées entre 1900 et 1930 attestent déjà de sa capacité à représenter le territoire. Le côté nostalgique que cultivent volontiers les éditeurs de ces cartes postales évoque peut-être confusément l’arsenal de Rochefort lui-même, qui se bat pour sa survie, jusqu’à sa suppression en 1927. Ces photographies constituent en tout cas un ensemble documentaire de premier ordre, qui permet de mesurer l’évolution du monument. Qui permet aussi d’en prendre pleinement la mesure, lorsque des hommes posent opportunément pour nous restituer l’échelle du fort. C’est également un édifice familier aux habitants, dont l’histoire se perd peu à peu, mais qui prend place dans le paysage. C’est sans doute ce qui explique la surprenante décision d’inscription à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques, voulue par l’Etat en 1950. Aucune rénovation n’est entreprise pour autant, mais Boyard devient un objet de culture, entre image et patrimoine.
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L'impossible reconversion
En 1961, Boyard est remis aux Domaines pour être vendu. La vente aux enchères a lieu le 28 mai 1962 : c’est un particulier qui en devient propriétaire, pour 33 000 francs. Cette vente ouvre la voie à toutes les spéculations. L’événement a renouvelé l’intérêt pour un fort dont on commence à mesurer l’importance, et désormais Boyard est bel et bien perçu comme un morceau d’histoire, qu’il s’agit de respecter et de valoriser. Hôtel de luxe, lieu de spectacle et de création, résidence : les idées circulent, mais aucun projet ne démarre. Comme au temps de la construction, l’isolement du fort pose d’inextricables problèmes techniques, économiques et financiers, que le propriétaire n’a pas les moyens de dépasser. En 1979, le fort, qui continue de se dégrader, est de nouveau en vente.
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Premières apparitions à l'écran
En 1966, le Fort Boyard fait son entrée au cinéma. Robert Enrico lui accorde une large place dans une histoire d’aventure, d’amitié et de trésor englouti. Son film, Les Aventuriers s’achève sur le fort : Alain Delon y meurt dans les bras de Lino Ventura. Beau début pour une future star ! Le film rencontre un réel succès et relance localement l’intérêt pour Boyard. Cette première apparition à l’écran d’une future vedette des plus photogéniques a des suites, 15 ans plus tard.
Intervient alors un homme discret et fécond, dont les créations sont plus célèbres que leur auteur, et qui exerce l’étrange profession de créateur de jeu. A la radio puis à la télé, Jacques Antoine est l’auteur de succès comme La tête et les jambes, Le Schmilblick ou Les jeux de 20 heures. En 1980, il imagine la Chasse au Trésor où l’animateur vedette Philippe de Dieuleveult, cherche depuis son hélicoptère à résoudre une énigme avec des candidats en studio. Pour tourner le pilote de cette émission, il pense au fort Boyard dont la silhouette l’avait marqué dans les Aventuriers. Une autre émission y est également tournée en 1981. Diffusée avec grand succès de 1981 à 1985, la Chasse au Trésor marque pour Boyard une étape décisive vers la résurrection.
Intervient alors un homme discret et fécond, dont les créations sont plus célèbres que leur auteur, et qui exerce l’étrange profession de créateur de jeu. A la radio puis à la télé, Jacques Antoine est l’auteur de succès comme La tête et les jambes, Le Schmilblick ou Les jeux de 20 heures. En 1980, il imagine la Chasse au Trésor où l’animateur vedette Philippe de Dieuleveult, cherche depuis son hélicoptère à résoudre une énigme avec des candidats en studio. Pour tourner le pilote de cette émission, il pense au fort Boyard dont la silhouette l’avait marqué dans les Aventuriers. Une autre émission y est également tournée en 1981. Diffusée avec grand succès de 1981 à 1985, la Chasse au Trésor marque pour Boyard une étape décisive vers la résurrection.
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Le chemin vers la gloire
La genèse d’un jeu issu d’une collaboration exemplaire entre une société de production et une collectivité.
Les Présidents du Département de la Charente-Maritime qui ont permis la naissance et les développements
du Jeu :
Les Présidents du Département de la Charente-Maritime qui ont permis la naissance et les développements
du Jeu :
-
François Blaizot, Président de 1985 à 1994
-
Claude Belot, Président de 1994 à 2008
- Dominique Bussereau, Président depuis 2008
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Héros d'une émission culte
En 1988, Jacques Antoine, imagine un nouveau concept, où le suspens est roi. Il s’agit, selon ses propres termes, d’un jeu d’aventure, spectacle et divertissant, jeu très visuel, très simple et entièrement basé sur le suspense. L’émission est bâtie sur le principe d’une mécanique dramatique d’aventure en champs clos, filmée en direct.
Il cherche un lieu pour ancrer son projet. Après avoir longuement hésité, il se laisse à nouveau séduire par le Fort Boyard, un lieu exceptionnel pour une émission nouvelle, étrange et spectaculaire. Dès le départ, Jacques Antoine, envisage le tournage de versions étrangères en complément de l’émission destinée aux écrans français. Reste à convaincre le Département de la Charente-Maritime de l’accompagner.
Il cherche un lieu pour ancrer son projet. Après avoir longuement hésité, il se laisse à nouveau séduire par le Fort Boyard, un lieu exceptionnel pour une émission nouvelle, étrange et spectaculaire. Dès le départ, Jacques Antoine, envisage le tournage de versions étrangères en complément de l’émission destinée aux écrans français. Reste à convaincre le Département de la Charente-Maritime de l’accompagner.
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Le Département aux commandes
En 1989, la société Jacques Antoine et Compagnie (JAC) signe un accord avec le Département qui s’engage à participer aux travaux de mise en sécurité du fort. La société JAC rachète alors le Fort à son propriétaire et cède la nue-propriété du bâtiment au Département. La société JAC en conserve l'usufruit jusqu'à la fin de l’exploitation télévisuelle. Le Département réhabilite le bâtiment et JAC l’équipe en studio de télévision. D’importants travaux sont réalisés pour transformer le fort en un lieu de vie et de tournage pour plus de 100 personnes. Il n’est pas envisageable de reconstruire le havre d’abordage, beaucoup trop onéreux : la solution d’une plate-forme off-shore est retenue pour accoster. Un vaste chantier commun de quatre mois est lancé, entre infrastructures et décors, avec la mise en place d’une passerelle de circulation au premier étage au dessus de la cour, l’installation d’une centrale d’énergie, une cuisine, et toute la sécurité pour pouvoir y passer une nuit en cas de tempête. Malgré leur caractère hors norme, les travaux sont prêts pour un premier tournage à l’été 1990.
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Une longue histoire d'image
Au moment même de sa longue construction, le fort Boyard est fortement investi par des préoccupations d’image. Sous l’impulsion de Jacques Antoine, le Département de la Charente-Maritime, propriétaire des murs, fait un choix de communication très explicite. Le pari est de transformer un monument problématique en support de notoriété pour le département. C’est ce qui justifie l’investissement consenti pour l’entretien du fort les années suivantes avec de gros travaux d’étanchéité réalisés pour préserver le bâtiment. Ce choix original - un de plus dans l’histoire de Boyard - s’avère rapidement porteur en raison du succès du jeu télévisé, en France comme à l’international
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Un jeu hors normes
Jacques Antoine, avec son humilité coutumière, faisait souvent le constat émerveillé de voir réalisé un jeu qu’il avait imaginé. Dans le cas de Fort Boyard, c’est plus encore l’incroyable longévité du jeu qui l’impressionnait. De fait, le succès d’une émission qui fête ses 25 ans en 2014 constitue une expérience unique dans l’histoire de la télévision.
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A chaque pays son Père Fouras
C’est aujourd’hui 32 pays qui ont tourné au moins une saison de leur version du jeu, toujours sur place. Des personnages s’imposent et deviennent vite familiers à tous : le Père Fouras, Passe-Muraille, Passe-Partout ou Félindra et ses tigres peuplent un fort qui endosse avec aisance son nouveau rôle de vedette internationale. Boyard est un monument familier, présent dans l’enfance de deux générations de Français. Car si bien des adultes suivent tous les étés les efforts de nouvelles équipes, l’émission a une capacité stupéfiante à séduire les enfants.
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Boyard, marque et logo
Depuis 1990, le succès du jeu télévisé a changé le statut du fort. Sa forme familière en ellipse se prête à une stylisation qui le rend aisément reconnaissable. Pourtant, il a fallu du temps pour faire de Boyard le porte-flambeau du territoire en matière touristique et assumer pleinement son rôle de Tour Eiffel, portant très haut la notoriété de la Charente-Maritime Aujourd’hui, Boyard est une marque et un logo. Les objets qui le représentent sont de deux types : les produits dérivés officiels du programme, directement fabriqués sous licence, destinés aux fans du jeu télévisé et soutenant sa communication ; les objets touristiques, qui témoignent d’une identification progressive du pays Rochefortais à son édifice le plus célèbre. En chocolats, en fèves, en boules à neige, en tasses, en figurines, le fort Boyard se décline, pour le meilleur et pour le pire, sans doute, mais cette diversité est l’expression même de la profondeur de l’adhésion d’un très large public. Fort de ce constat, le Département de la Charente-Maritime, charge Boyard de porter l’image touristique du Département, tandis qu’en 2010 l’Office de Tourisme du Pays Rochefortais adopte le nouveau nom de Rochefort Océan, Pays de Fort Boyard.
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les aventures d’une star